Actualité

myrollerderby.com

★ INTERVIEW - MISS GADIN #18 ★

18 déc. 2020
par Myrollerderby ©VincentMicheletti

Elle est de celles dont on connaît le nom avant même de l'avoir vu en action sur le track et dont on dit à la fin du match : "Wow!!". C'est l'une des meilleures joueuses de roller derby du pays et aussi l'une des plus jeunes athlètes à évoluer en équipe nationale; responsable fédérale de l'équipe de France junior et membre du CTN (comité technique national) de la FFRS, Jeanne Kuroda aka Miss Gadin est un personnage emblématique de la communauté du roller derby. Myrollerderby est fier de la compter désormais dans son équipe ambassadrice et vous la présente dans une interview signée Dédé Froquée. 

 

©Stephanefaraut

 

 

Bonjour Jeanne et merci d'avoir accepté de répondre à mes questions! Peux-tu te présenter et nous dire qui est Miss Gadin? 

"Bonjour, je m’appelle Jeanne, j’ai 24 ans et j’ai déménagé à Toulouse l’année dernière après 23 belles années à Paris. En dehors du sport, je n’ai pas encore trouvé de de passion de grande personne, alors je joue à Pocahontas en emplissant ma vie d’animaux. Petite, j’ai fait du karaté et adolescente du foot, mais on ne peut pas dire que j’étais un talent-né...

Aujourd'hui je suis pivot et bloqueuse dans la Nothing Toulouse et coache de la Blocka Nostra (du moins j’essaie, malgré les conditions actuelles) avec plusieurs de mes coéquipier.e.s. Je suis aussi responsable de l’équipe de France Junior, assistant Pépé le Punch qui gère les seniors au sein de la FFRS".

 

Pourquoi ce nom : Miss Gadin, et ce numéro #18? 

"J’ai mis un moment à trouver mon derby name, cherchant des jeux de mots farfelus, anglicisant, mais c’est finalement mon surnom d’enfance Miss Gadin qui me ressemblait le plus à mes yeux. Étant mineure quand j’ai commencé, et étant reconnu comme un des « bébés » du milieu, je me suis dit que le plus logique serait d’assumer d’avoir -18 ans. Depuis, j’ai ajouté une barre et me suis transformé en +18 !"

 

 

De freshmeat chez les Gueuses de Pigalle à l'équipe All Star des PRG 

 

©NSP189

 

Peux-tu nous décrire ton parcours de joueuse et nous raconter comment c'était d'être une des rares mineures à évoluer dans la communauté derby à l'époque?

"Je suis arrivée dans le derby avec ma petite quinzaine d’années, très timide et effacée. Le premier grand acte de bravoure de ma vie selon moi ayant été de dire bonjour à une personne à l’entrée d’un bar qui diffusait la Coupe du Monde en 2011.

Il n’y avait aucune équipe junior à l’époque, on avait peu de connaissances sur l’encadrement ou l'intégration des mineurs dans une équipe adulte et ça semblait très compliqué pour toutes les ligues, qui étaient encore très jeunes, de m’intégrer. J’ai pris mon mal en patience, j’allais voir tous les matchs et tournois de France (à l’époque où il n’y en avait qu’un par week-end maximum!) et je voyageais avec mes petits moyens pour suivre au maximum et être présente partout. C’est ce qui m’a permis d’absorber toutes les stratégies et la vision de jeu, sans patiner.

J’ai commencé le rink hockey et le derby au même moment, début au Paris Hockey Club. Les Gueuses de Pigalle se sont créées cette année-là, et j’ai été heureuse de faire mes débuts de fresh meat en participant aux débuts de l’équipe. J’ai eu mes MS en « candidat libre » par La Boucherie de Paris :)

A l’automne 2013, j’ai intégré les PRG dans l’équipe C des Sans-Culottes, et j’ai gravi petit à petit les échelons au fil des saisons jusqu’à arriver en équipe All Stars.

Je me suis toujours entraînée à tous les postes, parce que je ne sais pas choisir ce que je préfère, et pour perfectionner ma technique et ma vision de jeu en profitant des spécificités de chaque poste. On ne bloque jamais aussi bien que quand on connaît les difficultés d’une jammeuse, et vice versa".

 

Aujourd’hui encore tu es une des plus jeunes athlètes de roller derby du pays, est ce que cette différence est une force, une faiblesse ou passe tout à fait inaperçue?

"Je ne me suis jamais sentie différente des autres par mon age, excepté peut-être dans les remarques sur ma progression, souvent associées à mon âge. Ce qui est parfois désagréable : les facilités d’apprentissage qu’apporte la jeunesse n’empêchent pas les jeunes de travailler dur pour progresser!"

 

 

Responsable fédérale de l'équipe de France Junior

 

Et en parlant de la jeunesse, tu es responsable fédérale, aux côtés de Pépé Le Punch, de l'équipe nationale des juniors, peux-tu nous parler de ce rôle ? 

"Quand on me l'a proposé, j’ai directement accepté ce poste au sein de la FFRS ; n’ayant pas pu profiter du derby quand j’étais mineur, je suis hyper enthousiaste par rapport à l’évolution et le développement du derby junior en France ! Permettre à ces jeunes d’intégrer une équipe nationale, donner de l’importance aux jeunes dans ce sport et les préparer à prendre la relève quand ils seront adultes est une chance et je suis heureuse d’avoir pu mener le projet à bien. Les stages sont toujours une confirmation que tout le travail engagé par les coachs et encadrants en vaut largement la peine, le derby a de beaux jours devant lui avec ces jeunes athlètes ! La Coupe du Monde devait avoir lieu en Août 2020 et a été reportée à 2021, le collectif continue à se motiver pour préparer l’objectif, malgré les conditions difficiles.

 

©charlottecerviatus

 

Coache aguérrie et passionnée

 

Tu portes aussi souvent la casquette de coache, au sein de ton équipe mais aussi auprès d'autres ligues en France et à l'étranger; peux-tu nous en dire un peu plus sur ce choix? 

"Oui, j’adore coacher, même s’il y a toujours une pression, la peur de ne pas être à la hauteur de ce qui est attendu, que ce soit à domicile ou pour d’autres ligues. J’ai eu la chance d’apprendre le patin et le derby de personnes très différentes. Je garde en moi cette conviction qu’il y a autant de derby différents que de joueur.euse.s.

Chacun va prendre un cheminement personnel pour remplir un objectif final, et je ne fais que fixer les objectifs et accompagner les patineur.euse.s en leur donnant des pistes, et en leur apportant ma vision personnelle mais aussi celle des personnes que j’ai pu rencontrer ou qui m’ont enseigné. Ma manière de coacher est d’offrir des solutions potentielles à un obstacle, ou simplement guider une réflexion collective pour atteindre un objectif défini. Le coaching m’a fait analyser tous les mouvements et stratégies que l’on peut mettre en place sans forcément y avoir réfléchi et m’a permis de développer cette ouverture à la vision et au jeu de l’autre.

Sur le track, je reste une partisane du moindre effort (hihi), alors rencontrer autant de gens, écouter et observer leur manière de jouer m’a permis autant que mes propres entraînements à anticiper les mouvements des adversaires pendant un match.

Je suis toujours heureuse de me dire à la fin d’un entraînement ou d’un bootcamp que peut-être une personne a pu débloquer un mouvement ou une dynamique de jeu qu’il n’arrivait pas à mettre en place avant. Ou même qu’il ait pu voir que mon derby n’est pas celui qu’iel veut jouer, mais qu’il existe ."

 

 

De Paris et les PRG à Toulouse et la Nothing

 

Tu as joué pendant des années chez les Paris Roller Girls avant d'intégrer le Roller Derby Toulouse, deux équipes historiquement au coude à coude de la compétition.

Comment s’est passée ton intégration et ton adaptation à ce nouvel environnement sportif? As-tu trouvé aujourd’hui ta place au sein du RDT ?

"Le transfert s’est super bien passé ! Le départ de Paris a été très longuement réfléchi (sur quelques années), alors j’ai eu le temps de préparer mon départ de PRG.J’ai été très encouragée par mes anciennes coéquipieres dans ma nouvelle vie, et n’ai senti aucune animosité au fait d’aller chez l’ennemi historique hahaha, au contraire, beaucoup d’encouragements à profiter de la qualité de vie de Toulouse et la qualité de jeu de la Nothing ! Je connaissais déjà une grande partie de la Nothing, entre l’EDF féminine et les championnats, donc l’intégration sociale n’a pas été compliquée

Les entraînements, les plannings et le fonctionnement de la ligue sont assez différents, mais je m’y suis retrouvée assez vite. Tout le RDT m’a accueilli les bras grand ouverts et beaucoup de patience à faire avec mes habitudes bien ancrées dans une autre ligue."

©Insanemotion

 

S'entraîner à haut niveau

 

C’est quoi la semaine type d’une athlète derby de ton acabit ? en termes d'entraînement, de conditionnement et d’implication mentale ?

"Le rythme a beaucoup changé depuis que je suis à Toulouse. A Paris, j’avais 4 à 5 entraînements par semaine, et je faisais du hockey en loisirs 1 à 2 fois par semaine. Quand je préparais la Coupe du Monde 2018, je faisais en plus 8 à 10h de musculation, grâce aux supers programmes de Lizzou. Pour le début de saison au RDT, j’ai misé sur l’intégration d’abord, en me concentrant sur les 2 entraînements hebdomadaires, toujours précédés des off skates organisés par Lilou et Boule. Je vais aussi regulièrement chez la (meilleure) kiné (de France) pour faire du renforcement spécifique des chevilles et des épaules".

 

 

2020 et le confinement

 

Comment vis-tu cette drôle d’année par rapport au derby ? As-tu continué à t’entraîner d’une manière ou d’une autre ?

"Après 5 saisons à mixer saisons WFTDA et FFRS, sans vraie pause chez PRG, un début de saison intense (et en beauté!) avec la Nothing, l’arrêt de l’activité sportive m’a laissé une fenêtre pour prendre soin de mon corps et me faire opérer cet été les ligaments de la cheville après tant d’entorses #teamchevillesenmousse. J’ai passé la phase de rééducation, et je suis en réathlétisation tranquillement mais sûrement. Pour être honnête, je fais partie des gens qui ont profité de cette période pour faire une pause. Je suis de celles qui ont du mal à se motiver sans objectif de compétition,j’ai donc profité du temps libre pour me concentrer sur d’autres aspects de ma vie et tester de nouvelles activités. J’ai tenté de surfer, mais je ne serai jamais Dédé Froquée :).

J’ai appris à déculpabiliser de ne pas être comme tous les gens qui se donnent à fond, font du renfo tous les jours, patinent, regardent des matchs. Je les admire, mais j’ai préféré me faire des petits kiffs sur mon vélo ponctuellement pour me défouler, et ne pas penser à ce qui me manque. Je sais que quand le derby reprendra, je serai au rendez-vous d’une manière ou d’une autre, et que je me donnerai à fond pour être à la hauteur de mon groupe."

 

©NSP189

 

Le derby rime toujours avec plaisir ou est-ce aussi parfois pour toi une source de sacrifices?

"Je n’ai jamais regretté mon investissement dans le sport, mais c’est vrai que de n’avoir quasiment aucun week-end de libre, passer ses soirées à travailler sur le coaching et l’associatif, peut être parfois pesant moralement. C’est un sport auquel j’ai donné une grande partie de ma vie et de mon temps, et le jeu en vaut la chandelle, mais avoir un peu de temps pour le reste ne fait pas de mal."

 

Quels sont tes objectifs personnels sur le court et long terme?

"Aujourd’hui, ce serait de retrouver une condition physique qui me permettrait d’être 100 % en confiance si on reprenait le derby demain. Pour le long terme, entamer enfin la première saison WFTDA de la Nothing ! On n’a pas encore pu goûter à tous ces challenges qui nous tendent les bras, et j’ai hâte de voir notre équipe dans ce circuit que j’ai déjà bien tâté avec PRG".

 

C'est quoi LE truc qui te fait vibrer dans ce sport, pourquoi est-ce devenu une si grande passion?

"J’ai toujours voulu faire un sport collectif de contact, mais étant une fille et de petit gabarit, le choix restait réduit (notamment à Paris). Quand je suis arrivée dans le derby, je me suis tout de suite sentie à ma place".

Arrivée jeune dans le milieu, j’ai vraiment grandi et je me suis construite à travers ce sport. Le voir evoluer, constamment construire de nouveaux standards de jeu, et ne jamais se reposer sur ses acquis est très stimulant en tant que sportive. Le fait de pouvoir s’imposer en n’étant pas la plus grande, la plus imposante, ou la plus rapide, mais en jouant sur les points forts de chacun.e.s pour faire un magic mix.

Et puis bon, pouvoir bouger des gens et faire des pirouettes, c’est plutôt chouette globalement :)".

 

Et LE truc que tu maudis :) ?

"Le sport court. Pire sol".

 

Si tu dois en choisir un, quel est ton plus beau souvenir de derby ?

"Les champs WFTDA de Division 2 en 2017 avec PRG, où l’on est arrivé 2nde, mais avec les honneurs. Une flopée de matchs, un environnement unique pour nous, une équipe plus soudée que jamais, le soutien des gens à la maison et sur place.. On est arrivé face à Boston qui nous avait écrasé plus tôt dans le week-end, mais on a fait totalement page blanche, et on a prouvé qu’on avait notre place dans cette finale".

 

Te souviens-tu d'un moment particulièrement difficile ?

"Les playoffs WFTDA à A Coruna en 2018. Une période très difficile personnellement, et un manque d’infrastructure pendant l’été qui a freiné nos entraînements avant l’échéance. De très belles vacances, mais une performance décevante pour notre collectif, qu’on savait capable de mieux".

 

T'es tu déjà blessée de manière significative?

"Une entorse sur la dernière étape de championnat FFRS 2016-2017, sur le match contre Lomme. La plus douloureuse de toutes (de toutes mes 50 entorses), autant physiquement que moralement. Gros coup dur de savoir que ça m’empècherait de jouer le lendemain contre Toulouse, et incertitude sur une cheville qui semblait fracturée.

Et je ne recommande pas les urgences de Nantes un jour de manifestation!"

 

As-tu une anecdote marrante sur le track à nous raconter?

"Lors d’un match contre une équipe anglaise, alors que j’allais faire une assist à ma jammeuse, la bloqueuse que je visais m’a lancé un « Don’t touch me ! » tellement convaincant que j’ai freezé sur place".

 

Quel est le plus précieux conseil qu’on t'ait donné pour t’améliorer ?

« Utilise les espaces », merci à la personne qui a inventé le zoning".

 

Peux-tu nous donner ton top trois des joueuses qui t’ont le plus inspiré?

Blackman

Gal of Fray

Hooligan

 

Et le nom de la joueuse que tu redoutes le plus sur le terrain ?

"Olive Hoover. Mais seulement sur le terrain :)".

 

Quel est ton match préféré ?

"A regarder : Tous les VRDL vs Gotham / A jouer : France-Suède à la World Cup".

 

Quel serait ton rêve de joueuse ?

"Participer au championnat de D1. Et gagner au Loto pour acheter un gymnase / Avoir ma tête dans Picsou Mag, mais c’est déjà fait".

 

Qu'est ce que tes teammates disent de toi ?

"Euuuh… que j’en veux ? Ou que je ne sais pas m’arrêter".

 

Quel sont tes points forts et faibles en jeu?

"Mon point fort : ma vision de jeu et ma mobilité/ Mon point faible : mon manque de puissance."

 

Quelle est ta routine juste avant un match hyper important ? 

"Arriver assez tôt au gymnase, boire du café, passer un max de temps avec mes coéquipieres."

 

As-tu de drôles de rituels ou d’habitudes avant un match?

"J’essaie de ne pas avoir de rituel, pour ne pas être chamboulée si je ne peux pas les mettre en place. Mais pendant le on skate, je m’échauffe toujours sur un pied pour être rassurée de la tenue de mes chevilles et patins."

 

Quelle est ton astuce anti-stress ?

"Parler de tout ou de rien ou écouter les conversations des vestiaires. Danser, et m’amuser au max avec les copines pour oublier la pression."

 

Quel est ton repas type d’avant match? et ta récompense après l’effort :) ?

"Avant match, je mange ce que je trouve (parfois pas très diététique) en essayant juste de respecter mon temps de digestion, pour pas être "toumou" sur le track. Après le match, je vais direct à la buvette pour un café, avec n’importe quoi qui peut s’apparenter à du chocolat. Si c’est un brownie, c’est que ma journée est réussie."

 

Avec quel matériel tu roules?

"Depuis que j’ai commencé, je ne roule qu’en Riedell. J’ai des boots Solaris sur une platine Powerdyne Reactor (inchangée depuis 7 ans). Niveau roues, ça dépend du sol, je suis très pointilleuse alors j’en ai beaucoup en stock. J’ai des pieds assez fin donc je porte toujours des petites chevilleres en neoprene pour eviter les frottements."

 

Quelle est la remarque qui t’énerve le plus quand tu dis que tu fais du roller derby à quelqu’un qui ne connaît pas ?

" "Ah ouai, c’est le truc de Rollerball là, je connais !". Je n’ai jamais vu ce film, alors je réponds : "Ouai ouai, allez, changeons de sujet". Je suis bien plus patiente avec les personnes qui me disent qu’ils n’en ont jamais entendu parler."

 

Si tu pouvais supprimer une règle de roller derby  ?

"Les 27 tours des MS. Et toutes les subtilités des star passes qui changent tous les ans, qu’on y comprend plus rien".

 

Et si tu pouvais en ajouter une ?

"En cas d’égalité à la fin d’un match, un jam supplémentaire devrait se jouer en sens anti-derby, histoire de savoir qui sont les vrais :)".

 

Trois mots qui te donnent la patate ?

Nuggets

Café

Karaoké

 

Si tu devais donner un conseil à une joueuse qui cherche à évoluer et performer en roller derby ?

"Identifie tes forces, et repose ta confiance dessus. Ensuite partage ouvertement les faiblesses que tu as pu identifer dans ton jeu pour avoir des conseils divers. N’essaie pas d’être quelqu’un d’autre, et donne-toi les moyens de progresser. Ah, et aussi, on fait du roller, pas que de la bagarre. Alors travaille ta technique de patinage. Tout le temps."

 

As-tu un message à faire passer?

"Plein ! Déjà, merci, à ma marraine Rose Hyène qui est toujours là pour me soutenir, depuis que je sais faire une fente. A Mac Rockett, qui est un moteur énorme de progression pour toute notre ligue et pour moi-même. Pep, qui fait un boulot de folie pour les EDF, je me sens privilégiée d’être ton binôme.

Et à toutes les personnes qui sont dans le public ou devant leurs écrans, qui crient, qui envoient des messages, merci.

[Quitte la scène avec son César]

 

PS : désolé, je suis vraiment nulle à choisir ou à faire des réponses courtes".

 

 

 

©Orelkichigai

Retour